L'élection de la République démocratique du Congo (RDC) au Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2026-2027 marque un tournant diplomatique majeur pour le pays. Ce succès n'est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d'un travail stratégique, patient et cohérent mené par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. En inscrivant la RDC au cœur de la scène internationale, cette avancée ouvre également la voie à une réévaluation complète des cadres de coopération régionale, souvent figés dans des logiques héritées d'un autre temps. À travers cette nouvelle dynamique, Kinshasa pourrait impulser une architecture de collaboration régionale fondée sur les réalités contemporaines de l'Afrique centrale et des Grands Lacs.
Depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Tshisekedi a multiplié les initiatives visant à redonner à la RDC son rôle de puissance pivot en Afrique. En misant sur une diplomatie de proximité tout en consolidant des partenariats stratégiques à l'échelle continentale et mondiale, il a su repositionner le pays sur la carte des nations influentes. L'élection de la RDC au Conseil de sécurité de l'ONU en est l'un des fruits les plus significatifs.
Ce mandat non-permanent constitue un levier exceptionnel pour la RDC, non seulement pour porter la voix de l'Afrique sur les grandes questions de sécurité internationale, mais aussi pour montrer qu'un leadership africain crédible, légitime et constructif est possible. En pilotant cette candidature avec rigueur et détermination, Tshisekedi a su convaincre ses pairs africains et la communauté internationale du sérieux de la RDC et de sa volonté de contribuer activement à la stabilité mondiale.
Cette victoire diplomatique est aussi la reconnaissance d'un changement de posture de la RDC sur les scènes régionale et internationale. Longtemps perçue comme un pays en proie à l'instabilité, la RDC est désormais vue comme un acteur de paix, un médiateur possible dans les conflits régionaux et un partenaire fiable. Cette transformation est en grande partie liée à la stratégie présidentielle d'ancrer le pays dans une logique de stabilité interne et de responsabilité internationale.
Les réformes institutionnelles engagées, l'amélioration de la gouvernance sécuritaire et les efforts constants en faveur du dialogue régional ont contribué à cette nouvelle image. La participation de Kinshasa aux grands forums internationaux, l'accueil d'événements majeurs comme le sommet de la Francophonie, ainsi que l'implication active dans la diplomatie multilatérale ont renforcé cette perception d'un État qui assume désormais ses responsabilités continentales.
Mais au-delà de cette reconnaissance, l'accession de la RDC au Conseil de sécurité doit aussi être perçue comme une occasion de repenser les fondements de la coopération régionale en Afrique centrale. Les mécanismes existants — qu'il s'agisse de la CEEAC, de la CIRGL ou d'autres structures — sont souvent critiqués pour leur inefficacité, leur bureaucratie excessive ou leur incapacité à répondre aux défis actuels : insécurité persistante, crise humanitaire, mobilité transfrontalière incontrôlée, changement climatique, cybercriminalité.
Le leadership congolais, fort de cette légitimité renouvelée, pourrait proposer une nouvelle vision de la coopération régionale, ancrée dans la souveraineté partagée, l'efficacité opérationnelle et l'intégration intelligente. Il ne s'agirait pas de reproduire les modèles anciens, figés dans une logique post-coloniale ou dans les rivalités d'influence, mais de bâtir un modèle souple, agile, pragmatique — au service des peuples et non des élites.
Concrètement, cette refondation pourrait passer par la création de plateformes de coordination multiacteurs mêlant États, sociétés civiles, entreprises et institutions académiques. La RDC, riche de son potentiel humain, minier et stratégique, pourrait impulser une diplomatie de projets fondée sur l'interdépendance positive plutôt que sur la méfiance mutuelle. Par exemple, dans le domaine de la sécurité, Kinshasa pourrait proposer des mécanismes conjoints d'alerte précoce et de réponse rapide régionale aux crises. Sur le plan économique, un corridor intégré autour du fleuve Congo pourrait fédérer plusieurs États dans un projet commun de développement logistique, énergétique et écologique.
Dans cette vision, le Conseil de sécurité ne serait pas une simple vitrine, mais un tremplin. Un espace d'influence où la RDC porterait un discours africain authentique, connectée à ses réalités locales, et capable de faire émerger une pensée géopolitique nouvelle, qui dépasse les schémas classiques Nord-Sud.
Le moment est historique. L'élection de la RDC à l'ONU est plus qu'un symbole : c'est un message d'espoir, une preuve que l'Afrique peut parler d'une voix forte si elle est portée par des dirigeants visionnaires. Le Président Tshisekedi, en pariant sur la diplomatie proactive, a repositionné son pays non comme un terrain d'influence, mais comme un acteur influent. Cette posture doit maintenant se traduire dans les pratiques régionales : sortir du mimétisme institutionnel pour inventer des solutions africaines aux problèmes africains.
La RDC, par sa centralité géographique, sa démographie, ses ressources et son histoire, a tout pour devenir le laboratoire d'une nouvelle coopération. Une coopération fondée sur l'écoute, la solidarité, la complémentarité. Si ce pari est tenu, c'est toute la région qui pourrait bénéficier d'une renaissance stratégique.
Ainsi, en entrant au Conseil de sécurité, la RDC ne ferme pas une parenthèse d'isolement, elle ouvre une ère de propositions. Une voix, une vision, une voie nouvelle pour l'Afrique.
Marco Baratto
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