La République Démocratique du Congo (RDC) a franchi une étape historique avec la première commémoration officielle du Genocost, présidée par le Chef de l'État Félix Tshisekedi à la Cité de l'Union Africaine. Cet événement, au-delà de sa portée symbolique, traduit la volonté de réhabiliter la mémoire des millions de victimes, de renforcer l'autorité de l'État et d'ouvrir enfin la voie à la justice après trois décennies de souffrances.
Genocost : un génocide à coût économique
Le terme Genocost est né de la fusion entre genocide et cost. Il désigne un massacre à la fois humain et économique : un génocide motivé par la convoitise des richesses naturelles congolaises. Depuis les années 1990, les provinces de l'Est de la RDC sont le théâtre de conflits alimentés par l'exploitation illégale du coltan, du cobalt, de l'or et des diamants, des minerais essentiels aux technologies modernes et à la transition énergétique mondiale.
Reconnaître officiellement le Genocost revient à admettre que ces violences ne sont pas le fruit d'un désordre aléatoire, mais le produit d'un système organisé, pensé pour affaiblir l'État et piller ses ressources. La cérémonie de Kinshasa se présente donc comme un acte de vérité et de dénonciation, adressé autant aux criminels internes qu'aux complicités internationales.
La lutte contre l'impunité : une promesse à tenir
Lors de la commémoration, le Président Tshisekedi a rendu un hommage solennel aux victimes et lancé un message fort :
« Je ne ménagerai aucun effort pour que ces criminels soient châtiés. La Nation vous dit que vous ne serez plus jamais seuls. »
Ces paroles résonnent profondément, mais elles soulignent aussi l'ampleur du défi. L'impunité en RDC est le résultat d'une combinaison complexe : un appareil judiciaire fragile, des milices actives et des intérêts économiques mondiaux qui profitent du chaos.
Les témoignages des survivants ont rappelé la réalité humaine de cette tragédie. Adrienne Kaseka, victime des violences des miliciens Kamuina Nsapu au Kasaï, a déclaré avec force :
« Je ne suis pas venue pour vous faire pleurer, mais pour que justice soit faite. »
Désiré Grodya, rescapé des massacres en Ituri, a quant à lui exhorté les victimes à rompre le silence :
« Si vous avez été violé(e), il faut le dénoncer, et que justice soit faite. »
Ces voix, longtemps étouffées par la peur et la stigmatisation, portent aujourd'hui l'espoir d'une justice réparatrice.
FONAREV : de la douleur à la réparation
Cette première commémoration a également marqué le lancement du FONAREV (Fonds National de Réparation des Victimes), une institution dédiée à l'accompagnement des survivants de violences sexuelles et de crimes contre la paix.
Le FONAREV vise à :
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offrir un soutien juridique et psychologique,
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accorder des réparations financières et symboliques,
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favoriser la réinsertion sociale et communautaire,
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garantir la non-répétition des crimes.
Pour son directeur général, Lucien Lundula :
« La RDC, jadis capitale mondiale du viol, veut aujourd'hui devenir la capitale mondiale de la réparation. »
Un objectif ambitieux, mais indispensable pour transformer la mémoire en action et redonner dignité aux victimes.
De Kinshasa à Milan : un engagement personnel pour la mémoire et la justice
En tant qu'ami de la RDC, j'exprime mon adhésion totale à la mobilisation du Président Félix Tshisekedi. Le combat contre l'impunité et pour la reconnaissance du Genocost dépasse les frontières congolaises : il interpelle le monde entier.
C'est pourquoi, en septembre prochain, j'organiserai une série d'événements à Milan et en Lombardie pour sensibiliser l'opinion publique européenne. Ces rencontres auront pour objectif de :
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Faire connaître l'histoire du Genocost et le drame vécu par les Congolais ;
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Mobiliser les consciences sur le lien entre notre consommation quotidienne et les minerais de sang ;
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Soutenir les initiatives de justice et de réparation portées par la RDC.
Car derrière chaque smartphone, chaque batterie et chaque voiture électrique, il y a une part de cette tragédie invisible.
Un appel à la solidarité internationale
La commémoration du Genocost ne s'adresse pas seulement au peuple congolais. Elle est un signal à la communauté internationale : on ne peut plus fermer les yeux sur un génocide motivé par l'économie globale. Les chaînes d'approvisionnement mondiales, les multinationales et les gouvernements doivent reconnaître leur responsabilité et participer à la réparation.
Depuis Milan et la Lombardie, ma mobilisation s'inscrit dans cet esprit : porter la voix des victimes là où se prennent les décisions et où s'alimentent les marchés qui ont profité du chaos congolais.
Transformer la mémoire en action
Le Genocost est à la fois un cri de douleur et un appel à la justice. La RDC, en ouvrant ce chantier de mémoire et de réparation, tend la main au monde pour rompre le silence.
Mon engagement est clair : faire en sorte que la voix des victimes résonne bien au-delà de l'Afrique, pour que la mémoire devienne action, et l'action, justice. Depuis Kinshasa jusqu'à Milan, nous mobiliserons les consciences pour que plus jamais les souffrances congolaises ne soient traitées comme un simple coût de l'économie mondiale.
Marco Baratto
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