Par Marco Baratto
Un tournant historique pour la souveraineté congolaise
La République démocratique du Congo (RDC) vient de franchir un pas décisif dans la reconquête de sa souveraineté économique. En annonçant de nouvelles quotas sur les exportations de cobalt, le président Félix Tshisekedi a affirmé haut et fort sa volonté de faire de la richesse nationale un outil de développement et non un instrument d'exploitation au profit de puissances étrangères.
Ce geste, audacieux et hautement symbolique, marque une rupture avec des décennies de dépendance. Le pays, qui produit près de 70 % du cobalt mondial, détient entre ses mains un levier stratégique majeur : sans le cobalt congolais, ni batteries électriques, ni voitures vertes, ni téléphones portables ne peuvent exister. Tshisekedi l'a rappelé depuis New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies :
« Cette mesure conduira à une hausse du prix du cobalt, et cela contribuera directement au développement de notre économie. »
Il a ajouté que jusqu'à présent, le cobalt sortait du pays sans contrôle suffisant, échappant à l'État, tandis que l'extraction illégale alimentait les violences des groupes rebelles, notamment du M23 dans l'est du pays.
Des quotas pour reprendre la main
Le nouveau dispositif est clair et ambitieux.
Pour le reste de 2025, les mineurs auront le droit d'exporter jusqu'à 18 125 tonnes de cobalt.
Pour 2026 et 2027, des limites annuelles de 96 600 tonnes ont été fixées.
Un dixième du surplus sera consacré à la création d'une réserve nationale de cobalt, véritable coffre-fort stratégique du pays. Le reste sera destiné aux petits mineurs artisanaux, souvent marginalisés, mais essentiels à la stabilité économique et sociale de la RDC.
Ainsi, le gouvernement cherche à reconcilier souveraineté et inclusion, tout en imposant de nouvelles règles du jeu :
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Fin du laissez-faire et des exportations sauvages.
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Mise en place d'un contrôle étatique strict sur les flux miniers.
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Redistribution partielle vers les acteurs nationaux.
Ces décisions interviennent après une suspension totale des exportations en février 2025, décidée pour enrayer la chute des prix et assécher la spéculation internationale. Tshisekedi veut transformer cette crise en opportunité : « Nous devons maîtriser notre propre marché avant que d'autres ne le fassent à notre place. »
Une défense économique, une affirmation nationale
Il faut comprendre la portée géopolitique de cette décision. La RDC, longtemps considérée comme un "géant endormi" assis sur d'immenses ressources minières, envoie aujourd'hui un message clair : les règles changent.
Ce n'est pas seulement une réforme économique, c'est une déclaration d'indépendance économique. Tshisekedi ne parle pas seulement d'argent, il parle de dignité, de justice et de souveraineté.
Depuis des décennies, le cobalt congolais enrichit des multinationales étrangères, des groupes miniers chinois, américains ou européens, tandis que la population congolaise vit dans la pauvreté la plus criante. Ce modèle colonial déguisé a fait son temps.
La RDC veut désormais un partenariat "gagnant-gagnant", selon les mots mêmes du président :
« Les entreprises étrangères continueront à investir, mais dans le respect de la loi congolaise, et pour le bien du peuple congolais. »
Ce changement de paradigme met fin à la logique du "pillage organisé" : l'Afrique n'est plus un fournisseur docile, mais un acteur conscient de sa puissance.
Un message à l'Afrique et au monde
Ce que fait Tshisekedi en RDC dépasse les frontières nationales. C'est un message à toute l'Afrique : il est possible de reprendre le contrôle des richesses et de refuser les logiques extractivistes héritées du colonialisme.
Cette politique courageuse montre qu'un pays africain peut décider, planifier, réguler, et transformer sa ressource en outil de développement durable.
Le modèle du président congolais repose sur une idée simple : sans justice économique, il ne peut y avoir ni stabilité, ni paix, ni progrès.
En encadrant les exportations, en créant une réserve nationale, en redistribuant aux petits producteurs, Tshisekedi offre un exemple que d'autres nations africaines pourraient suivre.
Mon commentaire : immigration, responsabilité occidentale et justice globale
Les Européens, aujourd'hui, se plaignent de l'immigration venue d'Afrique. Mais ils refusent de regarder les causes profondes de cette migration : l'exploitation systémique du continent africain par les puissances occidentales.
Depuis des décennies, les matières premières africaines sont extraites à bas prix, transformées ailleurs, revendues à prix fort, tandis que les pays producteurs ne récoltent que des miettes. Résultat : pauvreté, exode, dépendance.
La vérité, c'est que si une partie des richesses africaines restait en Afrique, il n'y aurait ni immigration massive, ni pauvreté chronique. Les jeunes Africains ne risqueraient pas leur vie en Méditerranée ; ils construiraient leur avenir chez eux, dans des nations prospères et libres.
C'est précisément cette vision que défend Félix Tshisekedi : une Afrique souveraine, maîtresse de ses ressources, respectée sur la scène internationale.
Son action ne se limite pas à une stratégie économique ; c'est une vision morale et politique : redonner à l'Afrique le droit de jouir du fruit de son travail.
L'Afrique se réveille
En reprenant la main sur le cobalt, la RDC montre que l'Afrique peut rompre avec le cycle du pillage et imposer une nouvelle équation :
richesse nationale = développement national.
Tshisekedi ne se bat pas contre le monde, mais pour la justice. Son pays a payé un lourd tribut à la colonisation, à la guerre, à la corruption. Aujourd'hui, il choisit la voie de la transparence et de la régulation.
C'est une révolution tranquille, mais puissante : l'Afrique cesse d'être une victime pour devenir un acteur.
Conclusion : la RDC montre la voie
En instaurant des quotas, Félix Tshisekedi ne cherche pas seulement à faire monter le prix du cobalt. Il cherche à restaurer la dignité d'un peuple qui veut vivre du travail de ses mains.
Le président congolais incarne cette nouvelle génération de dirigeants africains qui n'attendent plus la bénédiction des puissances étrangères pour agir. Sa décision n'est pas un geste de défi, mais un acte de souveraineté : défendre l'économie nationale, protéger la richesse du peuple, et garantir l'avenir de la nation.
C'est ce courage que l'histoire retiendra.
Et si l'Europe veut vraiment résoudre la crise migratoire qu'elle déplore tant, qu'elle commence par écouter le message venu de Kinshasa :
la justice économique en Afrique est la première condition de la stabilité mondiale.
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